Cine-emotions

L'illusionniste, Chomet revisite Tati.

L’univers de Jacques Tati revisité par un film d’animation à la manière d’un Tati, mais signé par Sylvain Chomet. A la fois charmant et émouvant.

 

 

 

Tatischeff est un illusionniste, comme ceux qui ont connu un succès populaire dans la première moitié du 20ème siècle et qui remplissaient et enchantaient les salles de music-hall. Mais cet illusionniste doit vivre avec son temps, ce genre de spectacle où faire de la magie en impressionnant son public est presque révolu, old school si on veut. Maintenant c’est la musique, les spectacles dansants, le rock’n’roll qui remplissent ces salles. Obligé de passer outre Manche, d’abord à Londres dans un court moment, il est contraint d’aller de pubs en pubs dans les hautes vallées d’Ecosse avant de poser ses valises à Edimbourg. Au passage, il a rencontré Alice, qui va implicitement lui faire basculer sa vie.

 

Scénario à la base offert par Tati père à sa fille, Sylvain Chomet adapte à l’écran ces textes en un film d’animation qui fait revisiter en même temps l’esprit 2D. Une espèce de sincérité qui tape à l’œil rien que par l’image. C’est déjà une victoire en soi. Ensuite, L’illusionniste est une histoire visiblement très personnelle, celle d’une vedette de music-hall en déclin qui croise une jeune Alice dans un coin pommé d’Ecosse. Un homme à l’histoire de Tati très probablement. Chomet n’en est pas à son premier coup d’essai : il avait déjà largement séduit par les Triplettes de Belleville.

 

 

 

Ce film n’a le défaut d’être bavard, c’est le moins que l’on puisse dire. Il est très silencieux, peu de mots, plutôt l’image, les bruitages classiques, des onomatopées. Presque du muet comme on en voit rarement. En ces temps où les blockbusters (même dans l’animation) ou les films en 3D prennent le dessus, il y a dans ce film une espèce de retour en arrière, un coup de vieux qui fait plaisir à voir. C’est esthétique, séduisant, on aime découvrir ces paysages britanniques, ces villes qui vivent aussi le soir à travers les spectacles, les restaurants, magasins, l’animation des rues. Puis il y a aussi cette peinture de cette société britannique qui s’apprête à rentrer dans les années 60, où la jeunesse va commencer à faire du bruit, et là où le rock’n’roll commence à exploser pour faire naître le mouvement pop. Tout cela fait face à ce village écossais pittoresque, qui joue encore dans le folklorique.

 

Avec L’illusionniste de Sylvain Chomet, il y a un certain plaisir à se replonger dans l’œuvre de Tati, dans le cinéma d’animation personnel et original, et en même dans le folklore des années passées. Dans tout ça une belle histoire, avec une fin surprenante mais qui laisse dire que la vie suit son cours. 

 

NOTE : 13.5 / 20

 



20/06/2010
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