Cine-emotions

Quatre ans après Prête-moi ta main, Éric Lartigau change de registre et revient avec un thriller porté par l'excellent Romain Duris.

Paul Exben a tout pour être heureux : une belle situation professionnelle, une femme et deux enfants magnifiques. Sauf que cette vie n'est pas celle dont il rêvait. Alors sa relation de couple avec sa femme va au plus mal, il apprend que celle-ci a une relation avec un ami proche. Un coup de folie va faire basculer son existence, l'amenant à endosser une nouvelle identité qui va lui permettre de vivre sa vie.

Éric Lartigau a dit stop aux comédies de mauvais goûts à l'image de celles qu'il avait signé en 2006 (Un ticket pour l'espace et Prête-moi ta main). Pour son dernier film, le cinéaste a adapté le roman de Douglas Kennedy, qui a lui-même approuvé le scénario du film, lui conférant alors une toute autre vision de l'adaptation, genre souvent difficile au cinéma. L'homme qui voulait vivre sa vie est un thriller qui raconte les pérégrinations d'un homme en quête d'une nouvelle identité et d'une certaine forme de rédemption pour oublier le drame qu'il a vécu en France. Pour interpréter cet homme, le choix s'est porté sur le meilleur acteur français, capable de jouer dans tous les registres: Romain Duris.

On se retrouve alors devant une terrible histoire où le personnage principal doit faire face à divers situation. Il doit oublier son amour pour sa désormais ex-femme (Marina Foïs) et le meurtre involontaire qu'il commet doit le forcer aussi à s'éloigner de ces enfants, probablement ce qu'il aime le plus au monde. Paul fait aussi une croix sur un avenir professionnel tout tracé et plein d'espoir et de réussite. Ou comment un coup de folie (et probablement de malchance) peut faire basculer toute une vie. Le spectateur se retrouve à contempler le néant de ce personnage qui tente de se reconstruire une vie sous l'identité d'un autre pas si éloigné que cela, comment il trouve par hasard dans la photographie l'occasion de se redorer le blason.

La caméra du réalisateur nous emmène dans divers endroits, entre la carte postale et le côté plus précaire de la situation de Paul. Le propos alterne le quotidien plutôt lourd et ennuyeux d'un homme qui doit se faire oublier, et les moments d'émotion, puis même de rythme où l'homme est encore contraint à fuir. Si l'histoire paraît interminable (en témoigne le final), la morale a du sens et le spectateur aura finalement assister à la rédemption de cet homme attachant et finalement très humain. On se prend à réfléchir sur son cas, sur cette sorte d'injustice de la vie dont il est victime, lui qui semble si parfait.

Éric Lartigau signe alors un thriller efficace qui malgré ses quelques longueurs arrive à nous livrer une histoire attachante et émouvante à travers son personnage principal et la superbe prestation d'un Romain Duris qui ne manquerait pas une nouvelle nomination aux Césars.

NOTE : 14 / 20