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L'Affaire Farewell, l'espionnage comme on l'aime.

« Une des plus grandes affaires d'espionnage du XX ème siècle » selon Reagan. L'affaire Farewell nous offre une plongée palpitante dans les années 80, en pleine Guerre Froide. Un espionnage comme on l'aime !

 

Sergueï Grigoriev, colonel du KGB est un homme déçu par le régime en place. Il compte sur son intelligence, sa place, pour détruire le système et relancer ainsi son pays qui est à bout de souffle. Il prend contact avec Pierre Froment, un ingénieur français basé à Moscou. Cet homme sera celui qui transmettra des papiers de la plus haute importance qui vont aller aux oreilles du président français de l'époque, François Mitterrand. Lui-même alertera Ronald Reagan, et Froment se retrouve presque contre son gré au milieu d'une affaire dangereuse et palpitante, qui peut changer le cours de l'Histoire.

 

Traiter d'un fait historique précis et qui plus est contemporain n'est pas la chose la plus facile à faire en cinéma. Le film de Christian Carion (Joyeux Noël) en rend bien compte. Et le réalisateur opte alors pour la précision, en tentant de d'insérer son spectateur au milieu de cette grande affaire. On s'immisce dans chacun des personnages et l'affaire devient alors plus que palpitante. Tout le talent du scénario est là, réussir à intéresser son public, et plus fort encore à le conquérir par l'histoire. L'espionnage ici est tout sauf hollywoodien, à la mode James Bond. C'est le véritable espionnage, pur et vrai, et profondément historique. Réalisme historique semble être un des clés de la réussite pour ce genre de film.

 

 

Côté casting, Carion s'est entouré de très bons. Si Guillaume Canet n'illumine pas le film par une prestation remarquable (on a vu mieux de lui), Emir Kusturica est implacable devant la caméra, interprétant avec justesse et sincérité de colonel de KGB. Il touche son spectateur, l'implique par son histoire. Derrière, les seconds rôles se retrouvent aussi juste, avec notamment Niels Arestrup, vu récemment en Corse manipulateur dans Le Prophète, qui là interprète Vallier, le pion en France de l'affaire, entre calme et assurance. Ressemblance plutôt frappante pour Philippe Magnan en François Mitterrand ou Fred Ward, tellement réaliste en Reagan.

 

Pour toucher au plus profond de la réalité, Christian Carion a rencontré plusieurs fois Jacques Attali (conseiller de Mitterrand à l'époque), qui lui a permis de comprendre au plus profond de l'affaire, les enjeux. Farewell réchauffe les relations diplomatiques entre la France et les Etats-Unis (pourtant opposer par ces deux présidents aux idées quelque peu contradictoires). Mais on comprend rapidement la nécessité dans les deux camps de disposer de telles informations. On découvre un jeu de manipulation, et Froment apparaît comme un petit pion dans un jeu d'échec. Plus fort encore, on réussit à voir ici un film neutre qui ne crache pas sur le communisme (le communisme est un rêve, 40 ans ont suffit à faire de la Russie une puissance mondiale redoutée) ni sur ces alliés occidentaux, à la fois des libérateurs de la pensée, mais aussi des impérialistes.

 

Réalisme, précision, tension, tout y est pour faire de ce film l'occasion de plonger avec sincérité dans une des plus grandes affaires de ces dernières décennies. Un casting de choix, un scénario à la pointe, une douce intensité calculée, on parlerait presque de perfection !

 

NOTE: 14/20

 

 



12/10/2009
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