Cine-emotions

Film Socialisme, la cacophonie pensante de Godard.

Jean-Luc Godard a fait plus de buzz avec son absence à Cannes plutôt que pour la qualité de son Film Socialisme, peut-être son dernier film.

 

« L'argent c'est un bien public / Comme l'eau alors / Exactement ». C'est sur ces mots déjà provocateurs que Godard semble son dernier (à prendre dans les deux sens) long métrage. Le film se fait donc sous forme d'une symphonie en trois actes : « des choses comme ça » qui se passe lors d'une croisière où s'oppose nature face à la richesse et la superficialité ; « Notre Europe » qui évoque les grands symboles de la Révolution Française (Liberté, égalité fraternité) à travers une sœur et son petit frère qui représente l'avenir ; « Nos humanités », la croisière fait escale dans six lieux (trois pays : Palestine, Egypte, Grèce) et trois villes (Odessa, Naples, Barcelone) qui ont tous une histoire particulière.

Film Socialisme est en réalité un vrai patchwork, façon Godard, avec le ton et la manière de mettre en scène le monde qu'il voit. Un patchwork d'images dont certaines s'opposent (l'exemple de l'instrument de technologie comme l'appareil photo face à la houle naturelle de la mer), de dialogues plus ou mois cohérents, de sons plus ou moins inaudibles. Ce long (dans les deux sens) de Godard n'a pas vraiment de cohérence en soit, c'est plutôt au spectateur de s'en faire sa propre idée, son interprétation personnelle. A ce moment là, on peut dire beaucoup de choses que de nombreux passages du film.

 

Si le film (on va dire ça) n'accroche franchement son spectateur, on prend tout de même un certain plaisir à savourer l'ironie de Godard, provocateur et étrange à souhait, aimant dénoncer ce qui l'entoure et le monde dans lequel il vit. Ainsi les politiques en prennent autant que « salauds » devenus sincères selon lui. L'argent est un fil rouge que l'on retrouve aussi bien dans les petites histoires et conversations qui jonchent l'œuvre de Godard, tout comme cet appareil photo qui porte un autre regard sur le monde, une image instantanée. L'ironie aussi sur la situation européenne (un jour, la Russie redeviendra heureuse) ou sur les juifs (ils ont crées Hollywood) ou ce clin d'œil grec que le spectateur verra directement (Hellas devient Hell As … comme l'Enfer en quelque sorte). Les références sont multiples, mais le plus frappant restera ce livre que tient cette jeune fille : Les Illusions Perdues, de Balzac, œuvre qui semble tellement collant à l'ambiance du film.

Dans un film lourd, long et chargé, Jean-Luc Godard arrive à attirer son spectateur, à lui faire poser des questions. Finalement son patchwork géant est intelligent, ironique et en même temps provocateur. Un Godard en fait…

 

NOTE : 11.5 / 20

 



24/05/2010
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