Cine-emotions

Jane Campion mélange la poésie et le romantisme pour nous offrir un long métrage de talent. Bright Star n'était pas l'étoile brillante de Cannes en 2009, mais il touche et étonne par sa sincérité.

Bright Star dépeint donc l'histoire passionnée entre John Keats et Fanny Brawne, sa voisine. Il met en scène le poète romantique John Keats, décédé à l'âge de 25 ans en 1821,victime de la tuberculose (en pensant ne rien avoir créer), et l'amour de sa vie Fanny. John Keats est né en 1795 et il reste aujourd'hui l'un des figures emblématiques du mouvement romantique du 19^ème siècle. En plus d'une poésie romantique fortement présente tout au long du film, Jane Campion enfonce un peu plus son film dans le romantisme avec l'histoire d'amour qui va unir ces deux jeunes adultes. On y montre un Keats sensible, poète volontaire qui s'éprend d'une jeune génie de la couture (pour elle-même). Pour Jane Campion, « la poésie de Keats a inspiré toute la structure de l'histoire du film. Certains de ses poèmes ont été écrits sous forme d'odes, d'autres sous celle de ballades, et je me suis mise à réfléchir à l'histoire de Fanny et de John comme à une ballade, une sorte de poème narratif." On comprend alors mieux comment le film fonctionne.

Pour incarner le triste poète, Ben Whishaw (le fameux Jean-Baptiste Grenouille dans Le Parfum) délivre les vers les plus fameux et les plus représentatifs. Abbie Cornish (Elizabeth: L'Age d'or et Une Grande Année) sublime par sa beauté et son charme. Le couple est sincère et très réaliste (même si la comparaison avec le couple McAvoy/Knightley dans Reviens-moi est facile) et traduit par l'émotion de la poésie et des images cette belle histoire. Si on peut y voir un mixe entre Titanic et Roméo & Juliette (notamment dans le romantisme et le choc social)

Jane Campion n'est pas une novice dans le métier : Cannes avait déjà récompensé la réalisatrice, en 1992 avec La Leçon de Piano par une Palme d'Or. Elle devient la première femme à l'obtenir. Cannes 2009 ne sera pas aussi généreux avec elle, mais Jane Campion aura au moins suscitée l'envie des spécialistes. Bright Star (qui prend son titre d'un poème de Keats dédié à Fanny) se résume en fait à une réalisatrice totalement ancrée dans ce qu'elle filme, elle qui avoue être tombé amoureuse de l'histoire en Keats et Fanny, jugeant cet épisode de la biographie du poète comme « une histoire tellement tendre et tellement tragique... ». On sent cette volonté de bien faire, ce sérieux dans la façon de tourner et mettre en scène cette histoire.

S'il fallait trouver un défaut à cette ode à l'amour et à la poésie, ce serait la longueur. Des plans et de longues séquences qui s'attardent sur l'image, ou qui se compliquent la tâche (nécessaire) avec l'utilisation presque abusive des vers tortueux de la poésie complexe de Keats. A force, il risquerait d'endormir le spectateur qui ne doit pas détacher une seconde s'il veut comprendre la moindre subtilité d'une histoire d'amour qui passionne. C'est tout de même deux heures de film qui peu à peu semble se destiner à un public d'initié ou d'amateur, capable de comprendre la subtilité du message romantique de Keats, et pas seulement une histoire d'amour. Car celle-ci ne ressemble pas vraiment aux histoire d'amours auxquelles le cinéma nous habitue bien trop souvent. C'est plus sûrement dans cette subtilité poétique et romantique que le genre trouve ses lettres de noblesses, tout droit descendu des Shakespeare, puis plus tard Byron, Scott, Coleridge ou encore … Keats.

Sublime à l'image et dans ses décors, Bright Star de Jane Campion a peut-être trouvé le successeur de sa Leçon de Piano, même en repartant bredouille de Cannes en 2009. En se plongeant dans l'histoire d'amour entre le poète John Keats et Fanny Brawne, Jane Campion opte pour la sincérité et veut toucher le spectateur par le réalisme et la poésie.

NOTE: 14/20