Au fond des bois : laissez-vous envoûter.
Au fond des bois reprend un vieux fait divers du XIXème et Benoît Jacquot nous offre un film envoûtant.
1865, dans le Sud de la France. Pour Joséphine, c'est l'ennui de la maison paternelle où tout semble calme. Mais lorsqu'elle fait la rencontre d'un présumé mendiant sourd et muet, son comportement change. Timothée Castillan est un vagabond des bois, il envoûte, séduit, mais aussi abuse de Joséphine qu'il va emmener avec lui sur les chemins de la région. L'idée bien qu'originale n'est pas méconnu: il s'agit d'un fait-divers obscure que le réalisateur aurait croisé en lisant et échangeant avec l'historienne Marcella Iacub. De là surgit cette histoire que Benoît Jacquot (La Désenchantée, Villa Amalia) transforme en long-métrage, dotant son film d'époque d'une réalisation intéressante, d'une musique signée Bruno Coulais (compositeur des Belphégor, Vidocq ou encore récemment Lucky Luke).
Au fond des bois ne débute pas avec un rythme dantesque. Il est plutôt silencieux, lourd à en devenir pesant. Mais dès que la relation entre Joséphine (interprétée par Isild Le Besco, la muse de Jacquot, vue dans L'Intouchable, A tout de suite ou encore Sade) et Timothée (Nahuel Perez Biscayart) prend un peu plus de dimension, l'histoire devient intéressante. A l'écran il s'agissait d'évoquer cet envoûtement bien étrange que subit Joséphine, poussant le spectateur à se demander si la jeune fille n'y a pas mis également de son gré. Dans une nature qui plante un décor magnifique, l'amour tient une place plus qu'importante, bien que suggéré pourtant. Le rapport entre ces deux points est très étroit, et on ne peut que le ressentir à la fin du film.
On se laisse envoûter un peu comme par magie par le jeu de rôle de l'espagnol Nahuel Perez Biscayart (La Sangre Brota, El Aura) qui tient le film du début à la fin, tant son personnage apparaît comme fascinant, intriguant, voir même terrifiant par moments. On ne sait jamais comment se situer par rapport à ces deux personnages, mais comme Joséphine, on se laisse porter au gré de l'action (pourtant pas très fournie) et des scènes de sexes (où les viols font presque ressortir un consentement). Ce film réussit alors le pari de devenir aussi magnétique que son personnage masculin principal. Pourtant il se dote de défauts comme beaucoup de répétitions ou quelques scènes inutiles qui cache la véritable teneur du film. Mais ce long-métrage aura fait son effet sur la longueur, et c'est bien là l'essentiel.
NOTE : 13.5 / 20
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