A Single Man, le film solitaire.
Le mélodrame gay est à la mode au cinéma avec A Single Man de Tom Ford, deux semaines après I Love You Phillip Morris.
Los Angeles, 1962. Depuis qu'il a perdu son compagnon Jim dans un accident, George Falconer, professeur d'université Britannique, se sent incapable d'envisager l'avenir. Solitaire malgré le soutien de son amie la belle Charley, elle-même confrontée à ses propres interrogations sur son futur, George ne peut imaginer qu'une série d'évènements vont l'amener à décider qu'il y a peut-être une vie après Jim.
Tom Ford semble être un homme de l'esthétique, A Single Man nous le prouve indéniablement. Déjà parce que son film regorge d'une certaine classe assumée, autant dans la façon de filmer et de montrer l'environnement, que dans les décors et les costumes. Adaptation du livre Un Homme au singulier de Christopher Isherwood, qui résume parfaitement ce qui attend le spectateur dans son film : « C'est l'histoire profondément spirituelle d'une journée dans la vie d'un homme qui ne peut envisager son futur ». On peut s'attendre à un film à grosses larmes, du sentimentalisme et de l'émotionnel, la situation s'y prête. En vérité non, Tom Ford va jouer sur la caméra, comment filmer la solitude de ce George qui peine fortement à se remettre de son compagnon avec qui il est depuis 16 ans. L'émotion, le spectateur doit se la faire lui-même, à condition ne pas sombrer dans l'ennui et de ne pas quitter la salle après quelques scènes bien longues.
A Single Man serait un peu le film dont l'histoire ne sert pas à grand chose. Que peut-on retenir en sortant de la salle ? En poussant un petit peu, on va retenir que la vie continue, même après un événement aussi tragique. On savoure quelque peu les bons dialogues (rares au début) du personnage principal, notamment sur la peur ou sur la notion de l'amour dans le temps. Mais c'est cette façon de filmer qui embarrasse, quitte à devenir gênante. Le réalisateur réussit même à mettre mal à l'aise le spectateur. Quand le duo Ficarra/Requa se la joue trash pour assumer sa gay attitude, Ford la joue plus sobre et plus intime, enchaînant sur les plans caricaturaux des abdos de jeunes mâles jouant puissamment au tennis, ou alors sur les jeux de regards d'un professeur d'une quarantaine d'années avec son jeune étudiant. Il a clairement une sorte de malaise qui reste en fil rouge pendant le film, et qui sort lors des quelques scènes plus puissantes, mais bien trop rare pour convaincra à 100%.
L'ensemble du film tient véritablement sur la performance de Colin Firth. Présent dans de nombreuses cérémonies, l'acteur taxé de comique dans Bridget Jones, Love Actually ou encore dans Mamma Mia ! où il joue un rôle de gay, avait peut-être vu plus juste dans La Jeune fille à la Perle ou Le Patient Anglais. Justement, à Venise lors de la Mostra qui a vu l'acteur raflé le prix Volpi du meilleur interprète masculin, un jury parallèle a remis à l'acteur et au film le « Queer Lion ». Récemment, l'acteur britannique a remporté le BAFTA du meilleur acteur pour sa prestation, devançant Jeff Bridges (vainqueur aux Golden Globes pour Crazy Heart) ou encore Georges Clooney. On ne peut pas dire que son trophée soit singulièrement volé à un autre : Colin Firth joue de classe et d'assurance pour donner tout le ton à son personnage qui à la fois fascine et inquiète. Il joue à la perfection la solitude et étonne dans un rôle d'homme homosexuel qu'on aurait pu voir ailleurs que dans un drame. Son seul défaut : en 16 ans de relation avec Jim, on ne voit en aucun cas la différence entre le George des flash-back lors de leur première rencontre, et celui du présent.
Un mélodrame bien long, au fort risque de devenir ennuyeux si le spectateur ne rentre pas directement dans cette façon de tourner le drame amoureux. Fort heureusement, Colin Firth est là pour offrir tout son talent d'acteur.
NOTE : 10.5 / 20
A Single Man - bande annonce Tom Ford
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