Cine-emotions

Une Exécution Ordinaire et la représentation de Staline.

Staline à l'écran n'est pas un sujet facile, l'Histoire non plus. Marc Dugain signe un portrait saisissant dans l'URSS stalinienne, mais encore loin d'atteindre la perfection.

 

L'action se situe en 1952, automne. Anna est une jeune médecin, urologue et magnétiseur, dotant de talents dans ce domaine. Elle tente de vivre l'amour parfois avec son mari, un physicien dont il ne reste que l'amour de sa femme. Et il tente d'avoir un enfant, en vain. C'est alors que la vie d'Anna bascule lorsque Staline demande ses services après avoir renvoyé son médecin personnel. Anna doit mettre ses talents au service du dictateur russe, se risquant à entrer dans l'intimité de ce dernier, l'homme de la terreur.

 


 

Marc Dugain passe pour la première fois derrière la caméra pour adapter tout simplement son roman, Une Exécution Ordinaire, en posant la question essentielle : Qu'est ce qui fait de Staline un dictateur ? Si le livre semble y répondre, la réponse en version cinématographique est tout de même peu convaincante. En effet, le principal défaut, qui semble sauter aux yeux et le plan choisi pour montrer Staline. Si on débute dans un ton sobre (« Je ne suis le maître de personne, juste Camarade Staline »), le personnage s'enfonce derrière dans une image de Staline très fumeuse, que ce soit sur la notion de terreur (où Staline affirme ne pas avoir imposer la terreur « de gaieté de cœur », ce qui reste très contestable) ou encore sur la question juive (très vite évoquée avec la célèbre purge, qui marquera à jamais la fin de la vie de Staline). Non, Staline est juste un leader pour le peuple, malgré lui, et qui essaye de faire les choses dans l'intérêt de tous. On accroche difficilement.

 

Pour continue là-dessus, une autre interrogation débarque. On veut constamment comparer (l'historiographie tache d'éviter des contresens) Hitler et Staline, étant les deux dictateurs les plus connus du XXème siècle. Et en rapport avec la question juive, le scénario nous dit que Hitler était aveuglé par son racisme et n'agissait pas en fonction de son intérêt (soi-disant à l'inverse de Staline). Sauf que Staline et la réalité historique, c'est autre chose, et cela invite au débat. De même si le film tend à vouloir se consacrer à l'image réelle du dictateur qui voit sa mort approché, on reste très évasif, souvent dans des propos fumeux. L'exemple de l'image du dirigeant, une icône malgré lui. Sauf qu'on oublie de parler de la propagande et du rôle de Staline justement, à ce niveau là.

 


 

Pour en revenir aux aspects techniques du film, on remarquera que le film reste en français (ce qui déjà touche dans la crédibilité). Le spectateur ne peut réellement s'imprégner du film qui traite de l'URSS, quand c'est en français. Mais Marc Dugain se rattrape sur une réalisation plutôt bonne. Si on excepte la lenteur du film et de certaines scènes, l'image et la photographie sont très bonnes. On peut aussi noter la très bonne bande originale du film, qui reprend plutôt bien l'ambiance du film. Le réalisateur filme parfaitement bien ces acteurs, donnant aussi une espèce de grandeur à Staline. Le dirigeant soviétique est d'ailleurs formidablement bien repris par André Dussollier, étrangement réaliste. Marine Hands arrive à toucher par sa simplicité et l'émotion qu'elle tente de dégager dans cette situation. Edouard Baer est quant à lui un peu moins puissant.

 

Marc Dugain signe donc un premier film dont l'histoire est touchante. La façon de traiter cette histoire, notamment à travers le personnage de Staline est bien plus décevante, et certains aspects techniques ternissent l'image d'un film qui sentait le bon drame historique.

 

NOTE : 10/20

 

 


UNE EXÉCUTION ORDINAIRE - BANDE-ANNONCE VOST FR
envoyé par baryla. - Regardez des web séries et des films.


04/02/2010
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