Nannerl, la soeur bafouée de Mozart ?
René Féret signe une chronique musicale sur le cas trop peu connu de Nannerl Mozart. Une affaire de famille dans tous les sens.
Qui peut connaître aussi bien Nannerl Mozart ? Ou du moins qui peut le prétendre ? René Féret ne prétend rien (on espère), toujours est-il qu'il essaye de donner une sorte de vérité avec ce film de deux heures qui se centre autour du personnage de Marie Anne Mozart, alias Nannerl. Sœur du prodige Wolfgang Amadeus Mozart, Nannerl est aussi une enfant prodige, très tôt mise dans le bain de la musique par son père compositeur Léopold. Son tort va vite se révéler lorsque les talents de Wolfgang émergent aux yeux de son père : c'est une fille. En fait, dans ce monde plutôt misogyne (la bonne société de l'époque le voulait bien), la femme n'a pas vraiment une belle place, et encore moins dans l'art, que ce soit dans la musique, la peinture ou le théâtre. En revanche, elle peut servir de modèle comme le souligne si bien un passage dans le film, ou de second plan comme le film s'applique à le montrer.
Nannerl aurait très bien pu connaître le destin prodigieux de son frère comme le montre les longs passages autour de la tournée européenne de la famille Mozart. Si le début du film est plutôt grinçant, lent à se mettre en place, on y découvre que cette famille voyageait de petites auberges en abbayes, dans une certaine promiscuité. La musique ressert les liens et reste le point central de cette famille : « Wolfy » est au violon, instrument d'homme et donc au premier plan, alors que Nannerl est derrière au clavecin ou au chant. Certains passages de compositions musicales qui mettent en avant au passage une magnifique bande son de Marie-Jeanne Serero, veulent démontrer que Nannerl était aussi une musicienne étonnamment talentueuse.
Sauf que le film, si tenté qu'il soit intelligent dans son propos, reste très long et répétitif. On apprécie amplement le son et les décors (ne dit-on pas que les Français sont des spécialistes dans le cinéma de costumes et historique), mais en revanche, les acteurs n'arrivent pas à convaincre et à donner de l'ampleur aux personnages, un peu à l'image de Lisa Féret qui campe Louise de France (on a l'impression qu'elle récite sans émotion son texte). Le film semble affaire de famille, plus loin que celle de Mozart, c'est surtout celle de Féret dont il est question. Le premier rôle à Marie, mais aussi les apparitions de Lisa, Julien ou encore le réalisateur, scénariste et producteur René Féret, homme habitué au cinéma indépendant à la sauce française. La preuve, son film manquait de budget, mais cela ne se ressent pas forcément physiquement.
Si Nannerl, la sœur de Mozart s'impose bien comme un film historique intéressant, esthétiquement sympathique, avec une musique envoûtante, l'interprétation laisse à désirer et le film plonge dans la longueur et un cruel manque de rythme. Mais l'ensemble est fort appréciable.
NOTE : 12.5 / 20
A découvrir aussi
- Mon père est une femme de ménage : facile et touchant
- Belleville Tokyo : la rupture au cinéma pour une cinéphile amoureuse
- La Guerre est déclarée : beaucoup de bruit pour un futur chef d'oeuvre ?
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 47 autres membres