Cine-emotions

Les mains en l'air, politiquement correct.

Les mains en l'air pourrait très bien sur le papier être le petit film à débat du moment. Ses sujets (immigration, expulsion) touchent des familles installées, mais aussi des enfants. On laisse imaginer la suite.

Le film démarre quelque part en 2067 sur un témoignage d'une adulte proche très probablement retraité (sauf si le statut change d'ici là) qui se rappelle à des souvenirs d'enfance dans la première décennie de son siècle, à l'époque où elle n'avait que 10 ans et ne se souvenait pas du Président de la République en poste (première petite attaque). Lorsqu'on se familiarise petit à petit à cette histoire où différentes familles étrangères (dont une de Tchétchénie) sont menacées d'exclusions par les autorités, on se dit que le film pourrait bien être polémique à condition d'être parfaitement bien mené. Ce qui n'est malheureusement pas le cas.

Si on pense venir chercher un semblant de débat autour de l'immigration, pourquoi, qui ou comment, inutile d'aller voir ce film, car il ne montre rien là-dessus. Juste quelques petits passages où les adultes parlent de leurs opinions, que ce soit celle d'une femme ayant une conscience et refusant le piston pour régulariser la petite Milana, ou encore celui de l'homme qui pense que les parents instrumentalisent leurs enfants pour en faire des otages afin d'obtenir des papiers. Le débat qui promettait d'être houleux s'arrête là. On aurait bien aimé un peu plus de vagues, mais il semble bien clair ici que l'on cruellement de recul pour parler d'un sujet complètement en phase avec l'actualité. Pas réellement de tacles envers les autorités, pas de grands moments d'émotions, même un téléfilm classique aurait pu faire mieux.

Au centre de ce long métrage, ce sont les enfants. Le film tente d'expliquer comment ces derniers vivent entre eux, comment ils ressentent le monde actuel, notamment à travers les menaces d'expulsions qui pèsent sur leurs copains. On est plutôt sensible à leurs histoires et satisfait de leurs performances à l'écran, avec notamment une mention spéciale à la belle qui campe Milana. Du coup, même si l'ensemble n'est pas réellement percutant, les enfants réussissent à donner un certain intérêt, une autre image du combat que celle que nous connaissons dans les médias. On a presque le sourire à voir une certaine Valérie Bruni-Tedeschi, mère de famille responsable et courageuse qui mène un combat pour l'égalité pour tous. Quant on sait qu'elle n'est autre que la belle-sœur de l'actuel Président… L'autre clin d'œil vient du réalisateur Roman Goupil, un habitué des films engagés et qui là évoquent dans son film des choses réelles (le suicide d'une femme menacée d'expulsion, le nom de Daniel Vaillant) en alliant tout cela à la fiction.

 

On aurait presque aimé que Les Mains en l'air soit un film plus tranchant et moins tendre avec le sujet qu'il évoque. En se cantonnant au ressenti par l'enfant, le film perd un peu de sa brutalité et finit par devenir classique et quelconque. Une petite déception sûrement.


NOTE : 11 / 20


10/06/2010
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