Avatar : Quand l'image sublime le film.
Douze ans après Titanic, James Cameron s'offre l'un des films les plus chers de l'histoire du cinéma, mêlant science-fiction, images numériques et causes écologiques.
2154, Jake Sully, un ancien marine paralysé est envoyé sur Pandora après le décès de son frère jumeau. A des années-lumière de la planète Terre, il officie pour de puissants groupes industriels qui cherchent à s'offrir un puissant minerai qui permettrait de régler la crise énergétique de la Terre. Pandora est peuplée de Na'vi, qui voient là arriver l'ultime combat pour protéger leur territoire face à l'invasion humaine. Grâce à des avatars, Sully et des chercheurs doivent s'insérer dans ce peuple qui est devenu un obstacle trop important pour les humains.
Le buzz de l'année en cinéma pourrait être attribué à Avatar. Depuis plusieurs mois, James Cameron prépare l'entrée en matière de son dernier bébé, douze après le chef d'œuvre Titanic (qui marquera à jamais l'histoire du cinéma). Premières images, vidéos, Cameron et les siens vont bénéficier d'un coup de pub majeur jusqu'à la sortie du film. Plus encore, annoncé comme l'un des films les plus chers de l'histoire, Avatar s'impose comme la révolution en 3-D et bénéficie en France du parc d'écrans équipés le plus important. Il n'est pas étonnant que le buzz porte ses fruits dès la première semaine: plus de 2,6 millions de spectateurs vont se précipiter devant les écrans pour admirer le travail du réalisateur canadien, soit donc la deuxième meilleure entrée de l'année derrière Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé.
Il faut saluer le travail de James Cameron, probablement le réalisateur le plus impliqué dans son travail, amoureux ou passionné, faisant de Pandora le fantasme, une réalité visuelle. Il supervise tout, notamment le travail de mixage qui représente la majeure partie du film. Des décors à couper le souffle, si bien qu'on peut dire que c'est du jamais vu au cinéma ! James Cameron a probablement mis du temps (des documentaires ont été réalisés pendant le hiatus de douze ans) mais il parvient là à subjuguer le spectateur par la beauté de l'image. Il impressionne, il nous fait rentrer dans son monde de science-fiction, qui ne demanderait qu'à être réaliste. C'est une chose indéniable, Cameron a énormément miser sur l'image et le numérique, faisant de cet aspect le point fort de son film.Pour autant, il ne transporte pas forcément plus son spectateur dans l'univers de Pandora, car ce dernier attend un peu plus d'un tel travail. Notamment un scénario...
Derrière l'image, le réalisateur d'Abyss (1989) essaye de faire paraître son message écologique, ce pour quoi il lutte. C'est une chose à savoir, c'est un réalisateur qui s'engage, n'hésitant pas à critiquer le gouvernement américain qui selon lui n'investit pas assez dans la recherche spatiale (seulement 15 milliards par an) et l'utilisation faite. Cameron lui rêve d'aller sonder Mars en 2012 et d'en faire profiter la planète entière grâce à Earthship TV, il rêve aussi d'adapter l'homme aux conditions les plus extrêmes comme les étranges spécimens des abysses qu'il étudie. Ainsi germe l'idée de l'avatar: l'homme prend l'apparence d'une autre espèce grâce à un savant mélange scientifique, et peut ainsi s'adapter aux conditions de l'espèce.
Pandora se montre comme une planète imaginaire, une jungle luxuriante, une faune et flore surprenante, presque envahissante, qui cache ses secrets et tout cela vit en parfaite harmonie avec l'espèce « humaine » qui peuple Pandora. En fait tout ce que nous Terriens ne savons pas faire avec notre chère Planète. Le message est fort et très compréhensible: agissons et tuons pas notre planète si nous ne voulons pas finir très mal. Et pourtant Cameron reste pessimiste sur la vie terrestre, mais plutôt optimiste (ou rêveur) sur l'avenir quelque part dans l'espace. A condition que la science s'en donne les moyens. Derrière la belle morale que nous connaissons tous (et que trop peu adopte réellement), Cameron veut aussi une réaction des dirigeants, pour faire évoluer la science et nous éviter une crise énergétique dont personne ne saura se remettre.
Pour en revenir au film tel que nous le voyons, la comparaison à Titanic est inévitable. Sauf que pendant ces longues 2h45 de film, jamais Avatar n'arrive à prendre autant à la gorge que les prédécesseurs, que ce soit Titanic ou Abyss. Son scénario est prévisible du début à la fin, pas d'effets de surprise, malgré la cohérence évidente. C'est pas ici que Cameron a utilisé tous ses neurones pour offrir quelque chose de réellement surprenant. La bande son (signé James Horner tiens donc !) reste dans du classique, s'éloignant même par moments de la science-fiction. Et Leona Lewis (malgré sa magnifique voix) ne remplacera pas Céline Dion d'ici là. Enfin côte acteur Sam Worthington (qui sera à l'affiche de Terminator Renaissance…) reste très moyennement convaincant, Sigourney Weaver sûre d'elle, Zoe Saldana, la jeune Na'vi qui sauve le beau Jake (pour changer) n'apporte guère plus et Michelle Rodriguez, dans son rôle classique de soldat du bien. Le scénario du film est un peu linéaire, trop lisse pour accrocher. On s'en tiendra donc au visuel
James Cameron révolutionnera peut-être le cinéma en troisième dimension (500 écrans pour son film, une record!) notamment grâce à la caméra numérique 3D (premier film à être tourner comme cela), mais il ne marquera pas l'histoire du cinéma par un chef d'œuvre comme Titanic. Trop classique, trop prévisible, trop hollywoodien, mais assurément visuellement bluffant.
NOTE: 13/20
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