Cine-emotions

Amerrika et la crise identitaire, coup de coeur à Cannes.

Un coup de cœur de la Quinzaine des réalisateurs, Amerrika de Cherien Dabis qui raconte la nouvelle vie de Mouna et son fils, qui ont décidés de partir des territoires palestiniens vers les Etats-Unis.

 

Mouna est banquière, palestinienne, mais alors qu'elle n'espérait plus, elle reçoit une lettre qui lui permet de partir aux Etats-Unis. Avec son fils Fadi, elle veut rêver de cet eldorado, et débarque aux Etats-Unis où elle a de la famille. Mais les Etats-Unis sont en pleine guerre contre « l'axe du Mal » et notamment l'Irak où Saddam Hussein est tombé. Du coup s'intégrer dans un milieu quelque peu hostile devient vite compliqué. Mais il en faudrait plus pour stopper Mouna qui rêve d'une vie meilleure pour elle et son fils, ainsi que sa famille.

 


Cherien Dabis étant elle-même née en Jordanie en 1976 de parents palestiniens et ayant grandi aux Etats-Unis profite de ce film pour tenter de décrire quelque chose qu'elle a vécu (dans un autre contexte) et tente de rendre cette vision réaliste dans l'Amérique d'aujourd'hui. Cette Amérique est celle du post-11 septembre, où les Américains sont très hostiles à tout ce qui ressemble de près ou de loin à Oussama Ben Laden, l'ennemi numéro 1. Du coup, des Arabes qui tentent de s'intégrer dans une société hostile et à moitié raciste, cela devient très dur.

 

Mais ce sont des sujets déjà-vu, par forcément que celui de l'émigration vers l'Eldorado américain. A la recherche de l'American Way of Life, le rêve de tout émigrant qui a le droit comme tout le monde d'accéder au bonheur voir à la richesse suffisante. Mouna, une femme positive et vivante en rêve et veut tout donner pour ce rêve. Elle quitte une Palestine en crise d'identité, où le mur séparant les communautés reste le seul symbole visible. De même l'exclusion qu'elle soit raciale ou celle du lycée aux Etats-Unis est répétitive. La relation mére-fils est aussi quelque chose de connu. Enfin l'identité nationale est déjà beaucoup évoqué par les réalisateurs orientaux.

 

Côté acteur, le personnage de Mouna est interprété par Nisreen Faour, qui selon la réalisatrice incarne parfaitement l'état d'esprit de Mouna, cette femme battante, désireuse et à la fois triste. Les autres acteurs Hiam Abbass (Raghda), Melkar Muallem (Fadi) ou encore Joseph Ziegler réussissent à rendre le film assez crédible. Même si la réalisation est assez plate, Cherien Dabis s'impose par la sincérité, qu'elle incarne elle-même sur la question de l'identité : « Je suis née à Omaha, dans le Nebraska et j'ai grandi dans les régions rurales de l'Ohio, tout en retournant chaque été en Jordanie. Je me suis peu à peu rendue compte que je n'étais ni assez américaine pour les Américains, ni assez arabe pour les Arabes ». Le film nous montre bien que cette question reste éternelle.

 

Malgré des thèmes déjà bien revus par d'autres réalisateurs, Cherien Dabis offre un film sincère et touchant avec le personnage de Mouna, une femme en quête d'une vie meilleure, mais qui se cherche identitairement dans une Amérique en guerre contre l'Irak.

 

LA NOTE: 12.5/20

 

 



20/06/2009
7 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 38 autres membres