Cine-emotions

The Ghost Writer, l'esprit de Polanski.

Roman Polanski fait à nouveau l'actualité, mais pas cette fois-ci pour une question judiciaire. Son thriller politique The Ghost Writer est à l'affiche au cinéma.

 

 

 

Le nouveau film de Polanski (Rosemary's Baby, Tess, Le Pianiste) nous raconte une histoire étrangement réaliste. Un nègre (écrivain) littéraire est engagé pour écrire les mémoires d'un ancien Premier ministre britannique, Adam Lang (Pierce Brosnan). Il remplace un autre écrivain, décidément tragiquement. Sauf que cette mort est suspecte, et dès les premiers jours au contact de Lang, le nègre va rentrer dans les secrets de cet homme politique, qui visiblement souhaite bien les éviter, au moment où ce dernier semble en proie à des problèmes judiciaires avec la Cour Internationale de La Haye. En effet, on l'accuse d'avoir cautionné des actes de torture sur des terroristes prisonniers.

 

The Ghost Writer est en réalité ce qu'on appelle dans les termes du cinéma, un thriller politique parfait. Polanski sait dénoncer et il fait correctement, sans aller trop loin, mais en sachant taper là où ça fait mal. C'est une fiction qui a de forts airs de réalisme, comme si ce genre de problème pouvait très bien être dénoncé demain. Polanski est crédible, car son scénario est méticuleusement étudié. Avec l'aide son coscénariste qui n'est autre que le romancier britannique Robert Harris, à qui l'on doit L'Homme de l'ombre, écrit en 2007, et sur lequel se base la fiction de Roman Polanski. Et à Harris de confirmer que le cinéaste polonais prône la fidélité au roman, avec les inconvénients du passage littéraire, à la fiction cinématographique. Mais paradoxalement, c'est un défaut qui ne se voit pas là, déjà parce qu'il est question de littérature, et que la façon de mettre en scène l'histoire découle très bien d'un scénario d'écriture, avant de passer au stade de la caméra.

 

Le thriller politique se lance dès les premières images du film, avec des couleurs toujours très sombres, laissant présager la noirceur du film, qui reflète aussi un peu l'état d'esprit du réalisateur. Ainsi, il a la critique facile, il déguise son film d'une critique politique sévère, sans pour autant viser directement quelqu'un. Quoique, Polanski pointe du doigt dans son film un ancien Premier ministre britannique fortement engagé auprès des Etats-Unis, comme une sorte de petit chien à un certain Georges W. Bush. Un certain Tony Blair n'est ce pas ? Hormis ce clin d'œil, on vise également la guerre gratuite sous couvert d'une lutte contre le terrorisme (il suffit d'entendre le discours de Lang dans le film, il y a comme une impression de déjà entendu), la relation très spéciale entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, l'engagement au Moyen-Orient (ici c'est l'Irak) ou encore le commerce des armes.

 

 

 

Aurait-on affaire avec un Roman Polanski engagé. Probablement oui, mais seulement sur son cas personnel. Car le plus important dans ce film, reste la façon dont il remet encore une nouvelle en place son propre monde, comme si le film le désignait un peu lui-même. C'est la solitude qui rythme le film, et elle est double : d'abord, celle d'Adam Lang (joué par un super Pierce Brosnan) qui se retrouve seul dans son bunker sur une île, aux Etats-Unis, cerné par les médias et la colère des manifestants. Puis il y a ce nègre, dont on ne connaît pas le nom (interprété par un Ewan McGregor qui arrive enfin à convaincre), qui lui aussi part dans l'enquête, plutôt de se cantonner à son mémoire. Il cherche la part de vérité, mais il est bien seul. Car la force du film est de faire croire au spectateur que la moindre personne peut être son ennemi. On le sent seul et prisonnier des secrets de cet homme politique.

 

The Ghost Writer peut véritablement être l'œuvre du cœur pour Polanski. La situation de Lang peut aussi s'apparenter à celle vécu par le réalisateur, un homme prisonnier de son passé judiciaire qui revient le hanter après sa fuite des Etats-Unis en 1978. Rattraper par le temps, comme pour cet homme politique. Puis, on le retrouve cerné par les médias, sous les feux de la critique. Polanski est un homme du mal, plus vraiment un cinéaste. Du moins, actuellement, qui parlerait de Polanski en génie de la réalisation ? Peu de gens, et pourtant à l'image de Rosemary's Baby dans son premier thriller diabolique ou Mia Farrow se retrouve bien seul dans un rêve bien réel, ou encore chez Spilman dans Le Pianiste, qui vit l'histoire, mais ne peut pas bouger, il reste caché. Tout un symbole, Polanski vit seul. Son film est encore en montage lorsqu'il est arrêté à Zurich le 26 septembre, puis assigné à résidence. Son film est récompensé par l'Ours d'argent à Berlin, sans lui …

 

Roman Polanski signe un retour magistral à la réalisation avec un thriller politique parfait, aussi bien par son scénario, ses acteurs ou son ambiance général. Pourtant le film continue de rappeler les évènements judiciaires du réalisateur.

 

NOTE : 16.5 / 20

 

 


THE GHOST-WRITER - BANDE-ANNONCE VOST FR
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02/03/2010
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