Cine-emotions

Non ma fille, tu n'iras pas danser: Honoré en Bretagne.

Christophe Honoré nous revient avec un nouveau long métrage où il tente de filmer une famille dont tous les membres sont en crise. Un mélange dramatique émouvant mais très brouillon.

 

Léna est séparée de son mari Nigel, et depuis cette rupture, elle tente d'élever ses deux enfants et de franchir les nombreux obstacles de sa vie. Mais Léna est une femme incertaine et bien trop troublée, surtout au milieu d'une famille où elle n'arrive à se faire comprendre. Et c'est finalement cette famille qui s'avère être son plus gros obstacle…

 

S'il met du temps à se mettre en route et à devenir intéressant, le film devient vite convaincant lorsqu'il traite des différents sujets qui touchent à la famille. Le film débute sur Léna (Chiara Mastroianni) qui amène ses enfants en Bretagne. On apprend vite qu'elle se sépare de Nigel, l'homme infidèle, mais qui semble plus serein qu'elle. Alors qu'elle pense prendre du bon temps en Bretagne, dans le domaine familial, elle tombe sur la venue de Nigel, invité par sa mère. A partir de là, Léna oscille entre prendre la fuite ou assumer en face et affronter Nigel (Jean-Marc Barr), et hésite entre sa propre colère intérieure et la peur.

 

 

On découvre dans ce film une Chiara Mastroianni (vue dans les Chansons d'amour, de Christophe Honoré) impressionnante, à la fois charmante et à la fois accablante dans un rôle de mère où visiblement elle ne sait pas y faire. Mais son personnage est plus attachant encore lorsque l'actrice réussit à transposer à l'écran ses sentiments et toute l'émotion qui va avec. On y trouve une femme en plein doute, incapable de gérer sa propre vie, entre la famille, l'amour, les enfants et le travail. Mais c'est surtout une femme seule, légèrement incomprise par son entourage qui tente de se trouver elle-même pour de nouveau sourire à la vie.

 

Mais le problème vient de la réalisation : à vouloir trop bien faire, Christophe Honoré rajoute des quantités d'éléments qui embrouillent par moment le film, à défaut de l'éclaircir. Pour prouver cet argument, il suffit de regarder l'épilogue bâclé où Léna doit choisir entre ses enfants et son indépendance. Trop vite et trop mal, Honoré n'arrive pas à convaincre sur sa fin, et pourtant il avait plutôt bien débuté son histoire. Puis au beau milieu de son film intervient une légende bretonne, celle de la belle Katell, qui voulait épouser le meilleur danseur parmi ses prétendants, et finit dans les bras du Diable. « Au moment où je retournais en Bretagne, m'est revenue cette légende qui me terrorisait lorsque j'étais enfant, et qui me semble au cœur même du film », affirme le réalisateur. Etrange, inutile et même quand on essaye de se creuser la tête, on n'arrive pas à voir ce que vient faire cette légende au beau milieu de ce film.

 

Drôle par moment, pathétique dans un autre, émouvant à certaines passages, Christophe Honoré a au moins su alterner entre différents effets de style pour éviter l'enlisement définitif dans l'ennui. Il reste efficace grâce aux dialogues, à la fois vifs, tranchants quant il le faut, et courts. Parce qu'il a sûrement conscience que trop de dialogue peut amener l'ennui, crainte de beaucoup de spectateurs lorsqu'il s'agit d'aller voir un drame français. Mais cette fois-ci, c'est en voulant trop bien faire que le réalisateur breton passe à côté d'un chef d'œuvre potentiel…

 

Coupé par une légende sans réel intérêt, le film de Christophe Honoré pouvait s'annoncer comme brillant, émouvant et réaliste. Mais à force de vouloir trop en mettre, le film est trop brouillon par moment. Mais l'émotion y est, notamment grâce au talent de Chiara Mastroianni.

 

LA NOTE: 12.5/20

 

 



05/09/2009
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