Cine-emotions

Ken Loach se lance dans sa première comédie, sélectionnée à Cannes, et avec en guest-star Le King Eric Cantona. Une fresque humaine et touchante, un des coups de cœur cannois, mais qui repartira bredouille.

Eric Bishop, grand supporter de Manchester United est très mal, il traverse une très mauvaise passe. En effet, sa vie sentimentale est un trou noir depuis sa rupture avec Lily, sa fille lui reproche de n'être pas assez là, et pour finir ses deux fils se prennent pour de vrais gangsters dont l'un va se trouver mêler à une histoire sombre. Ses amis postiers tentent comme ils peuvent de lui remonter le moral, en vain. Il semblerait que ce soit plutôt son idole, Eric Cantona, qui puisse lui remonter le moral entre psychologie et remise en forme.

Eric Cantona tout en star, tout en auto-dérision dans un film où il doit être la vedette. Il apparaît tout de même assez prétentieux, très sûr de sa valeur, et s'improvise psychologue d'un soir pour Eric Bishop, totalement impressionné par le King. Mais le film repose véritablement sur la prestation très intéressante de Steve Evets (Eric Bishop), que l'on veut présenter comme un homme normal, rongé par le chagrin intérieur et le fait de pas savoir gérer sa vie comme il l'aurait voulu. Mais Eric Cantona le sauveur est là pour le remettre dans le droit chemin.

Comme un film pour Ken Loach n'est pas possible à faire sans évoquer l'aspect social, c'est encore celui-ci qui prédomine ici plutôt que l'humour. Cette fois-ci, c'est un postier, rongé par le chagrin, la solitude sentimentale, qui n'arrive pas à voir le bout du tunnel, même si ces amis sont là. L'humour tient une place assez minime finalement, car on ressort du film avec un petit sourire, mais c'est plus l'histoire de l'homme qui fascine et intéresse. Une véritable remise en question s'impose, se reprendre et rebondir pour ne pas regretter. Eric Cantona offre une belle liste de proverbes tout vrai que nature, et devient le confident-guide de Bishop.

Le film est essentiellement humain, comme beaucoup d'œuvres de Ken Loach (dont la dernière, It's a Free World fut assez décevante. Si le film est relativement bien filmé, pas trop long (fort heureusement, car c'est un défaut chez Loach et certaines scènes interminables). Le film est aussi une réflexion sur l'image de la personne, que ce soit l'idole (ici Cantona) que sa propre image (y compris celle que l'on se fait de soi). C'est touchant, et en plus Loach installe une petite intrigue sympathique sous fond de gangs pour accentuer cet aspect social sombre. Les ingrédients du cinéma de Loach sont là.

Touchant, humain, Looking for Eric invite à une réflexion personnelle. Certes, l'image de Cantona est trop accentuée, mais Ken Loach avec les ingrédients de son cinéma réussit à nous offrir quelque chose de vraiment crédible.

LA NOTE: 13/20