Cine-emotions

Liberté, la mémoire oubliée des Bohémiens

Le cinéma manquait singulièrement de rendre homme à toutes les victimes de la Seconde Guerre mondiale. Tony Gatlif s'est penché brillamment sur le cas des tsiganes dans Liberté.

 


 

Liberté raconte l'histoire d'une grande famille tsigane durant la Seconde Guerre mondiale. Théodore (Marc Lavoine) est maire et vétérinaire d'un petit village en zone occupée. Lorsqu'il recueille P'tit Claude, un jeune gamin de neuf ans, il commence à se lier d'amitié avec les tsiganes, qui tentent de survivre aux nazis qui continuent d'organiser des rafles. Théodore et Mademoiselle Lundi (Marie-Josée Croze) tentent aussi par tous les moyens de garder les tsiganes, contre le village et les instances policières.

 

 Le cinéma français est plutôt convaincant lorsqu'il tente de traiter de l'Histoire. Si le sujet des juifs est récurrent au cinéma, avec une énorme production de films, étrangers et français, la possibilité de se pencher sur la population tsigane est en effet original. On oublie qu'entre 250 000 et 500 000 tsiganes sont envoyés dans les camps, sur une population d'environ 2,5 millions de personnes en Europe. Les chiffres pourraient presque paraître dérisoire face au massacre des juifs, mais il ne faut pas oublier ceux qui étaient aussi considérés comme appartenant à la race inférieure. La propagande nazie, puis vichyste porte ses fruits comme le montre parfaitement le film. Tony Gatlif n'opte pas pour la violence pure, il préfère l'image simple, mais qui parle d'elle-même puissante en émotion. Seules quelques longueurs peuvent ternir un peu l'image de ce film.

 

 

On sent que Tony Gatlif a du jouer avec la pression sur ses épaules. En effet, il est habitué à parler des Roms (Latcho Drom, Swing), mais jamais on n'avait croisé les Bohémiens avec l'extermination de ces derniers dans les camps. Et la mémoire bohémienne évoque trop peu ces évènements, dans une sorte de discrétion qui était éloignée de la médiatisation du cas juif. Du coup, il est plus difficile de traiter du sujet. Jamais de violence (ou très peu), mais beaucoup de gaieté et de couleurs, à l'image de ces Bohémiens vivants, et consommateur de liberté. Un autre symbole de l'esprit du film : le personnage de Taloche, un bohémien à moitié gamin, qui a 30 ans, est complètement fantasque, un peu comme un certain Charlie Chaplin. Il s'agit de son petit-fils, James Thierrée.

 

Beaucoup de symbolique et de couleurs, de la vie pour évoquer le destin tragique des tsiganes durant une Seconde Guerre mondiale tragique. Un travail sur la Mémoire que le cinéma ignore trop souvent. Du coup, Gatlif et son film apparaissent presque comme trop tendre.

 

NOTE : 12 / 20

 

 


LIBERTÉ - BANDE-ANNONCE de Tony Gatlif
envoyé par baryla. - Regardez des web séries et des films.


02/03/2010
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