Cine-emotions

Sophie Letourneur place les filles au premier plan pour une comédie bien fraîche sur la jeunesse parisienne.

Pam a 20 ans. Sa bande de copines se retrouve toujours sur le canapé du Ranch, qui n'est que l'appart qu'elle partage avec Manon. Discuter, boire, fumer, danser sont les éléments quotidiens de ces jeunes femmes encore étudiantes qui pensent alors profiter de la vie. Dans ce film, on ne parle pas de fac, si ce n'est pour dire que l'on sèche les cours. Le film de Sophie Letourneur nous emmène de soirées en soirées, que ce au Ranch ou près du Baron, le tout entrecoupé par des scènes de réveils calamiteux. Est-ce donc l'image que l'on doit se faire d'une jeunesse légèrement dorée mais pas trop ? On peut donner notre confiance à Sophie Letourneur qui n'est pas à sa première tentative d'approche de la jeunesse (Roc and Canyon en 2008 sur les adolescents, précédé par Manue Bolonaise en 2007 sur les pré-adolescentes). La vie au ranch est une sorte d'aboutissement, mais aussi quelque part une suite.

Le style du film se veut intimiste et invite donc le spectateur a se plonger doucement dans l'histoire. Pourtant, le lourd démarre du film nous met face à un dilemme: on hésite entre rire (cette petit fraîcheur qui souffle sur les personnages), se moquer (d'une jeunesse délurée loin d'être mature) ou s'exaspérer d'un tel spectacle (la lourdeur du style ne peut convenir à tout le monde). Peu à peu, La vie au ranch nous fait sourire, dit des choses parfois vraies, et abuse sur d'autres. L'irrégularité se montre lorsqu'on nous montre des scènes croustillantes d'humour et de décalage, en rupture avec le manque de créativité qui peut suivre derrière.

La vie au ranch se veut absolument authentique et personnel. En témoigne le choix de se porter sur un véritable groupe de copines, qui bien sûr ne sont pas des actrices (cela se ressent devant la caméra). Si on arrive à se détacher de ce côté matériel un peu superflu, on arrive à cerner l'authenticité des personnages, et on peut même se trouver touché par la petite morale de la fin du film. En effet, des soirées entre copines, on retrouve une réflexion sociologique sur la définition d'un groupe, et à suivre les pérégrinations de ces filles, on se rend compte que chacune doit finalement tracer son chemin et son avenir. A chaque chose une époque.

NOTE : 13 / 20